Celex, EUR-Lex Et La Traduction á la Commission

AuthorHilário Leal Fontes
ProfessionChef de file de l'équipe CELEX de la direction générale de la traduction de la Commission européenne
Pages82-86

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La Commission et le multilinguisme

Avec son tout premier règlement 1 - modifié après chaque élargissement, et aussi lorsque l'Irlande a demandé le statut de langue officielle pour l'irlandais -, le Conseil a posé les fondements de la politique linguistique au sein des institutions européennes. Il a décidé, notamment, que:

* «Les règlements et les autres textes de portée générale sont rédigés dans les vingt langues officielles.» (article 4);

* «Le Journal officiel de l'Union européenne paraît dans les vingt langues officielles.» (article 5).

À la Commission, c'est à la direction générale de la traduction (DGT) que revient la tâche de produire les vingt versions linguistiques - parfois dix-neuf compte tenu de la dérogation en vigueur pour le maltais 2 - des actes de nature législative de la Commission.

La traduction des textes législatifs est, bien entendu, une des principales raisons d'être de la DGT. En effet, étant donné le pouvoir d'initiative très large de la Commission, la DGT se trouve en première ligne pour assurer la qualité linguistique et terminologique des actes préparatoires dans le cadre des diverses procédures de décision interinstitutionnelles - propositions de la Commission, intégration des modifications proposées par le Parlement et le Conseil et version définitive de la proposition devant être présentée au Conseil et au Parlement. En 2005, la Commission a adopté 844 documents COM 3, dont 88 concernaient la procédure de co-décision et 132 la procédure de consultation 4.

En outre, la Commission adopte des actes dans l'exercice de ses compétences qui doivent, eux aussi, être traduits pour être publiés au Journal officiel. À titre d'exemple, une recherche dans EUR-Lex des actes de droit dérivé adoptés par la Commission en 2005 donne 2 778 résultats. Ces actes - essentiellement des règlements, des directives et des décisions - sont publiés au Journal officiel de l'Union européenne et chargés dans la base EUR-Lex.

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Pour assurer la qualité de la traduction en général et la cohérence terminologique en particulier, les traducteurs de la DGT font un usage intensif, direct et indirect de la base EUR-Lex.

EUR-Lex, source juridique, terminologique .. et banque de solutions de traduction

La base EUR-Lex constitue le fonds documentaire multilingue le plus important de l'Union européenne et, par là même, la meilleure collection de textes juridiques et parajuridiques des différentes institutions de l'Union. En d'autres termes, EUR-Lex est la base juridique et documentaire de référence à l'intérieur et à l'extérieur des institutions.

Du point de vue de la traduction, EUR-Lex est aussi le recueil le plus complet de traductions validées. En ce qui concerne la terminologie communautaire - législative ou technique -, une enquête menée en 2002 auprès des traducteurs de la Commission a montré qu'EUR-Lex était la première source consultée. Qui plus est, même lorsqu'il n'y a pas de citations de textes antérieurs ou de terminologie spécifique à consulter, EUR-Lex est également utile en tant que banque de solutions de traduction dans les différentes combinaisons linguistiques.

CELEX sur l'internet - Avant et après 1997

Jusqu'en 1997, année du lancement de la première interface internet, la consultation directe des bases CELEX par les traducteurs de la Commission restait relativement confidentielle et réservée aux quelques initiés connaissant le langage Mistral, qui était aussi puissant que peu convivial, et ce en dépit des nombreuses actions de formation organisées au sein du service. Dans ces conditions, une bonne partie des recherches nécessaires pour la traduction s'effectuaient par l'intermédiaire des bibliothécaires et/ou de quelques collègues «spécialistes»...

Tout a changé très vite avec la nouvelle interface internet à partir de 1997. Même si le navigateur Netscape et les ordinateurs de l'époque n'étaient pas aussi faciles à utiliser qu'aujourd'hui - dix ans en informatique, c'est presque une éternité -, l'utilisation de CELEX par les traducteurs de la Commission a littéralement explosé.

En 1998, l'Office des publications mettait en production une version avec défilement parallèle en deux langues. L'idée était, évidemment, de pouvoir trouver rapidement la correspondance d'un terme dans une deuxième langue.

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C'était un pas de géant pour les traducteurs, et cette fonctionnalité reste encore aujourd'hui l'une des plus prisées.

Par la suite, il y a eu d'autres innovations très importantes pour les traducteurs, notamment la publication du Journal officiel en format PDF, la mise à disposition des actes consolidés, aussi en format PDF, et la possibilité d'établir des liens directs vers les documents figurant dans la base.

Aujourd'hui, presque tous les traducteurs consultent EUR-Lex régulièrement pour leur travail, EUR-Lex étant le nouveau système d'information juridique ouvert au public en 2004 qui résulte de la fusion de l'ancien EUR-Lex et de CELEX et les remplace.

EUR-Lex et la traduction assistée par ordinateur

Outre cet usage classique, les traducteurs de la Commission utilisent de plus en plus EUR-Lex indirectement à travers les mémoires des outils informatiques de traduction. Celles-ci permettent non seulement de récupérer le texte de citations provenant d'actes antérieurs, tel que publié au Journal officiel, mais aussi de retrouver des parties de textes ou des phrases légèrement modifiées d'actes antérieurs. En outre, la fonction de concordance des mémoires de traduction permet de retrouver directement un mot ou une expression dans plusieurs documents dans un couple de langues donné 5.

L'utilisation indirecte d'EUR-Lex par l'intermédiaire des mémoires de traduction permet d'assurer une plus grande cohérence phraséologique et terminologique - donc une meilleure qualité des traductions - et de gagner du temps par rapport à une consultation classique d'EUR-Lex.

L'avenir d'EUR-Lex vu par les traducteurs

Comme on vient de le voir, EUR-Lex est un outil indispensable pour les traducteurs. Lors de la mise en place de la nouvelle base EUR-Lex en 2004, la DGT a présenté une liste de desiderata qui était le résultat de consultations menées auprès des utilisateurs. Une bonne partie de ces desiderata ont été intégrés dans le nouveau système.

Cela étant, les annexes techniques contenant des tableaux et/ou des graphiques sont encore souvent absentes, incomplètes ou difficilement exploitables. La mise à disposition de l'intégralité des textes législatifs dans un format interrogeable et portable demeure une vieille revendication des traducteurs, yPage 85 compris pour les actes consolidés - qui ne sont disponibles qu'en format PDF et dont le texte n'est, dès lors, pas indexé dans EUR-Lex.

D'autres progrès bienvenus seraient la présence de fonctions linguistiques visant à faciliter la recherche de variantes d'un même terme, de mots déclinés, de variantes orthographiques, etc., la possibilité d'utiliser des critères de proximité (par exemple rechercher les documents où les mots «directive» et «environnement» apparaissent dans la même phrase et/ou dans le même paragraphe) et la possibilité de visualiser directement le ou les termes recherchés.

L'intégration d'EUR-Lex et de ses données dans le processus de traduction à la DGT est un phénomène qui a été amorcé il y a une dizaine d'années avec les mémoires de traduction. Cette intégration s'est prolongée par toute une série de fonctions automatiques - déchargement des textes, alignement, extraction des phrases qui correspondent totalement ou partiellement aux phrases des documents à traduire, etc. -, qui font qu'aujourd'hui il est possible de récupérer une citation sans quitter le traitement de texte.

De même, il est désormais très simple de consulter en une seule opération EUR-Lex, les mémoires de traduction, IATE 6 et d'autres bases terminologiques à l'aide d'un métamoteur de recherche interne dénommé «Quest» 7. Cette voie mérite d'être explorée davantage, notamment dans le sens de l'exhaustivité, de la fiabilité et de la mise à disposition automatique des données juridiques d'EUR-Lex directement sur le poste de travail du traducteur.

Pour conclure, je voudrais évoquer une boutade que j'ai entendue il y a quelques semaines, selon laquelle les traducteurs voudraient disposer d'outils qui aient la simplicité et la rapidité d'un moteur de recherche sur l'internet, l'exhaustivité et les possibilités de recherche d'EUR-Lex et la précision et la sou plesse terminologiques des outils de traduction assistée. Ce n'est pas mal vu!

Bonne retraite à CELEX! Longue vie à EUR-Lex!

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[1] Règlement n° 1 de 1958 portant fixation du régime linguistique de la Communauté économique européenne, JO 17 du 6.10.1958, p. 385. Règlement modifié en dernier lieu par le règlement (CE) n° 920/2005 du Conseil du 13 juin 2005 (JO L 156 du 18.6.2005, p. 3, 4).

[2] Règlement (CE) n° 930/2004 du Conseil du 1 er mai 2004 relatif à des mesures dérogatoires temporaires concernant la rédaction en maltais des actes des institutions de l'Union européenne, JO L 169 du 1.5.2004, p. 1, 2.

[3] Propositions et autres communications de la Commission au Conseil et/ ou aux autres institutions, et leurs travaux préparatoires. Voir sous http://europa. eu/documents/comm/index_ fr.htm.

[4] Source: PreLex.

[5] Pour une description plus complète des outils d'aide à la traduction utilisés par la Commission, consulter la brochure «Outils d'aide à la traduction et cycle de travail» à l'adresse suivante: http://ec.europa.eu/dgs/ translation/bookshelf/tools_ and_workflow_fr.pdf.

[6] Cette base devrait être ouverte au public en 2007.

[7] Voir note 5.

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