Criminal proceedings against Emil Eredics and Mária Vassné Sápi.

JurisdictionEuropean Union
ECLIECLI:EU:C:2010:623
Docket NumberC-205/09
Celex Number62009CJ0205
CourtCourt of Justice (European Union)
Procedure TypeReference for a preliminary ruling
Date21 October 2010

Affaire C-205/09

Procédure pénale

contre

Emil Eredics et Mária Vassné Sápi

(demande de décision préjudicielle, introduite par

le Szombathelyi Városi Bíróság)

«Coopération policière et judiciaire en matière pénale — Décision-cadre 2001/220/JAI — Statut des victimes dans le cadre de procédures pénales — Notion de ‘victime’ — Personne morale — Médiation pénale dans le cadre de la procédure pénale — Modalités d’application»

Sommaire de l'arrêt

1. Questions préjudicielles — Compétence de la Cour — Limites — Interprétation sollicitée en cas d'adoption d'une réglementation nationale conforme au droit de l'Union pour des faits tombant en dehors du champ d'application de celui-ci

(Art. 35 UE)

2. Union européenne — Coopération policière et judiciaire en matière pénale — Statut des victimes dans le cadre des procédures pénales — Décision-cadre 2001/220 — Victime — Notion — Personnes morales — Exclusion

(Décision-cadre du Conseil 2001/220, art. 1er, a), et 10, § 1)

3. Union européenne — Coopération policière et judiciaire en matière pénale — Statut des victimes dans le cadre des procédures pénales — Décision-cadre 2001/220 — Médiation expressément prévue par une réglementation nationale pour certaines infractions

(Décision-cadre du Conseil 2001/220, art. 10)

1. La Cour a compétence pour répondre à une question préjudicielle, posée dans le cadre de l'article 35 UE, alors même que les faits au principal se situent en dehors du champ d’application du droit de l’Union, dès lors que la législation nationale s’est conformée, pour les solutions qu’elle apporte à une situation non visée par le droit de l’Union, à celles retenues en droit de l’Union. Il existe en effet, pour l’ordre juridique de l’Union, un intérêt manifeste à ce que, pour éviter des divergences d’interprétation futures, toute disposition du droit de l’Union reçoive une interprétation uniforme, quelles que soient les conditions dans lesquelles elle est appelée à s’appliquer

(cf. point 33)

2. Les articles 1er, sous a), et 10 de la décision-cadre 2001/220, relative au statut des victimes dans le cadre des procédures pénales, doivent être interprétés en ce sens que la notion de «victime» n’inclut pas les personnes morales aux fins de la promotion de la médiation dans les affaires pénales visée audit article 10, paragraphe 1.

En effet, il résulte du libellé même de l’article 1er, sous a), de ladite décision-cadre, qui définit, aux fins de celle-ci, la victime comme étant la personne physique qui a subi un préjudice, y compris une atteinte à son intégrité physique ou mentale, une souffrance morale ou une perte matérielle, directement causé par des actes ou des omissions qui enfreignent la législation pénale d’un État membre, que cette disposition vise seulement les personnes physiques qui ont subi un tel préjudice.

La circonstance que certains États membres prévoient la médiation pénale lorsque la victime est une personne morale ne remet pas en cause cette conclusion. En effet, en ce qu’elle ne procède pas à une harmonisation complète du domaine considéré, ladite décision-cadre n’empêche ni n’oblige les États membres d’appliquer les dispositions de celle-ci également lorsque la victime est une personne morale. Interpréter la décision-cadre en ce sens qu’elle vise seulement les personnes physiques n’est pas non plus constitutif d’une discrimination à l’encontre des personnes morales étant donné que le législateur de l’Union a pu légitimement instaurer un régime protecteur en faveur des seules personnes physiques, ces dernières se trouvant dans une situation objectivement différente de celle des personnes morales en raison de leur plus grande vulnérabilité et de la nature des intérêts auxquels les infractions à l’encontre des seules personnes physiques peuvent porter atteinte, telles la vie et l’intégrité physique de la victime.

(cf. points 26, 28-31, disp. 1)

3. L’article 10 de la décision-cadre 2001/220, relative au statut des victimes dans le cadre des procédures pénales, doit être interprété en ce sens qu’il n’oblige pas les États membres à permettre le recours à la médiation pour toutes les infractions dont l’élément matériel défini par la réglementation nationale correspond en substance à celui des infractions pour lesquelles la médiation est expressément prévue par ladite réglementation.

En effet, cette disposition se borne à imposer aux États membres de veiller à promouvoir la médiation pour les infractions qu’ils jugent appropriées, en sorte que le choix des infractions pour lesquelles la médiation est ouverte relève de l’appréciation des États membres. Il s'ensuit que, en décidant de permettre l’application de la procédure de médiation seulement dans le cas de certaines infractions, telles celles contre les personnes, la sécurité des transports ou la propriété, choix qui tient essentiellement à des motifs de politique juridique, un législateur national n’outrepasse pas le pouvoir d’appréciation dont il dispose.

(cf. points 37-38, 40, disp. 2)







ARRÊT DE LA COUR (deuxième chambre)

21 octobre 2010 (*)

«Coopération policière et judiciaire en matière pénale – Décision-cadre 2001/220/JAI – Statut des victimes dans le cadre de procédures pénales – Notion de ‘victime’ – Personne morale – Médiation pénale dans le cadre de la procédure pénale – Modalités d’application»

Dans l’affaire C‑205/09,

ayant pour objet une demande de décision préjudicielle au titre de l’article 35 UE, introduite par le Szombathelyi Városi Bíróság (Hongrie), par décision du 22 avril 2009, parvenue à la Cour le 8 juin 2009, dans la procédure pénale contre

Emil Eredics,

Mária Vassné Sápi,

LA COUR (deuxième chambre),

composée de M. J. N. Cunha Rodrigues (rapporteur), président de chambre, MM. A. Arabadjiev, A. Rosas, U. Lõhmus et A. Ó Caoimh, juges,

avocat général: Mme J. Kokott,

greffier: M. A. Calot Escobar,

vu la procédure écrite,

considérant les observations présentées:

– pour le gouvernement hongrois, par Mme R. Somssich, M. M. Fehér et Mme K. Szíjjártó, en qualité d’agents,

– pour le gouvernement français, par M. G. de Bergues et Mme B. Beaupère-Manokha, en qualité d’agents,

– pour le gouvernement italien, par Mme I. Bruni, en qualité d’agent, assistée de M. F. Arena, avvocato dello Stato,

– pour la Commission des Communautés européennes, par MM. B. Simon et R. Troosters, en qualité d’agents,

ayant entendu l’avocat général en ses conclusions à l’audience du 1er juillet 2010,

rend le présent

Arrêt

1 La demande de décision préjudicielle porte sur l’interprétation des articles 1er, sous a), et 10, paragraphe 1, de la décision-cadre 2001/220/JAI du Conseil, du 15 mars 2001, relative au statut des victimes dans le cadre de procédures pénales (JO L 82, p. 1, ci-après la «décision-cadre»).

2 Cette demande a été présentée dans le cadre d’une procédure pénale engagée contre M. Eredics et Mme Sápi pour atteinte aux intérêts financiers des Communautés européennes.

Le cadre juridique

La réglementation de l’Union

3 L’article 1er de la décision-cadre prévoit:

«Aux fins de la présente décision-cadre, on entend par:

a) ‘victime’: la personne physique qui a subi un préjudice, y compris une atteinte à son intégrité physique ou mentale, une souffrance morale ou une perte matérielle, directement causé par des actes ou des omissions qui enfreignent la législation pénale d’un État membre;

[…]

c) ‘procédure pénale’: la procédure pénale conformément à la loi nationale applicable;

[…]

e) ‘médiation dans les affaires pénales’: la recherche, avant ou pendant la procédure pénale, d’une solution négociée entre la victime et l’auteur de l’infraction, par la médiation d’une personne compétente.»

4 L’article 10 de la décision-cadre dispose:

«1. Chaque État membre veille à promouvoir la médiation dans les affaires pénales pour les infractions qu’il juge appropriées à cette forme de mesure.

2. Chaque État membre veille à ce que tout accord intervenu entre la victime et l’auteur de l’infraction lors...

To continue reading

Request your trial
4 practice notes
  • Aurubis Balgaria AD v Nachalnik na Mitnitsa Stolichna.
    • European Union
    • Court of Justice (European Union)
    • March 31, 2011
    ...Andersen og Jensen [2002] ECR I‑379, paragraphs 15 to 19; Case C‑3/04 Poseidon Chartering [2006] ECR I‑2505, paragraphs 14 to 19; and Case C-205/09 Eredics and Sápi [2010] ECR I-0000, paragraph 33). 25 In those circumstances, the reference for a preliminary ruling must be declared admissibl......
  • Vulnerability as a normative argument for accommodating “justice” within the AFSJ
    • European Union
    • Wiley European Law Journal No. 25-6, November 2019
    • November 1, 2019
    ...of 21December 2011.74See, to that effect, CJEU, Case Case C-404/07, Katz, judgment of 9October 2008, ECLI:EU:C:2008:553, para. 46; Case C-205/09 Eredics and Sápi, ECR[2010] I-1023 paras. 37and 38,and Joined Cases C-483/09 and C-1/10 Gueye and Salmerón Sánchez [2011] ECR I-8263, paras. 57,72......
  • Criminal proceedings against X.
    • European Union
    • Court of Justice (European Union)
    • December 21, 2011
    ...means by which they implement the objectives to be attained (see, to that effect, Case C‑404/07 Katz [2008] ECR I‑7607, paragraph 46; Case C‑205/09 Eredics and Sápi [2010] ECR I‑0000, paragraphs 37 and 38, and Joined Cases C‑483/09 and C‑1/10 Gueye and Salmerón Sánchez [2011] ECR I‑0000, pa......
  • European Perspectives on Rights for Victims of Crime
    • European Union
    • Eucrim. European Law Forum: Prevention. Investigation. Prosecution No. 4/2014, December 2014
    • December 1, 2014
    ...From among the vast literature, see von Hirsch/Roberts/Bottoms/Roach/Schiff (eds.), Restorative Justice & Criminal Justice, 2003.↩ CJEU Case C-205/09 Eredics & Sápi, Judgement of 21 October 2009, § 37ff; CJEU Joined Cases C‑483/09 Gueye and C‑1/10 Salmerón Sánchez, Judgement of 15 September......
2 cases
  • Aurubis Balgaria AD v Nachalnik na Mitnitsa Stolichna.
    • European Union
    • Court of Justice (European Union)
    • March 31, 2011
    ...15 a 19; de 16 de marzo de 2006, Poseidon Chartering, C‑3/04, Rec. p. I‑2505, apartados 14 a 19, y de 21 de octubre de 2010, Eredics y Sápi, C‑205/09, Rec. p. I‑0000, apartado 33). 25 Dadas las circunstancias, debe declararse la admisibilidad de la petición de decisión prejudicial. Sobre la......
  • Criminal proceedings against X.
    • European Union
    • Court of Justice (European Union)
    • December 21, 2011
    ...means by which they implement the objectives to be attained (see, to that effect, Case C‑404/07 Katz [2008] ECR I‑7607, paragraph 46; Case C‑205/09 Eredics and Sápi [2010] ECR I‑0000, paragraphs 37 and 38, and Joined Cases C‑483/09 and C‑1/10 Gueye and Salmerón Sánchez [2011] ECR I‑0000, pa......
2 books & journal articles
  • Vulnerability as a normative argument for accommodating “justice” within the AFSJ
    • European Union
    • Wiley European Law Journal No. 25-6, November 2019
    • November 1, 2019
    ...of 21December 2011.74See, to that effect, CJEU, Case Case C-404/07, Katz, judgment of 9October 2008, ECLI:EU:C:2008:553, para. 46; Case C-205/09 Eredics and Sápi, ECR[2010] I-1023 paras. 37and 38,and Joined Cases C-483/09 and C-1/10 Gueye and Salmerón Sánchez [2011] ECR I-8263, paras. 57,72......
  • European Perspectives on Rights for Victims of Crime
    • European Union
    • Eucrim. European Law Forum: Prevention. Investigation. Prosecution No. 4/2014, December 2014
    • December 1, 2014
    ...From among the vast literature, see von Hirsch/Roberts/Bottoms/Roach/Schiff (eds.), Restorative Justice & Criminal Justice, 2003.↩ CJEU Case C-205/09 Eredics & Sápi, Judgement of 21 October 2009, § 37ff; CJEU Joined Cases C‑483/09 Gueye and C‑1/10 Salmerón Sánchez, Judgement of 15 September......

VLEX uses login cookies to provide you with a better browsing experience. If you click on 'Accept' or continue browsing this site we consider that you accept our cookie policy. ACCEPT